Rapports à risque

Rapports à risque

With

Michael and Alex

Encore une fois la journée avait été longue. Les journées n’en finissaient jamais quand on travaillait comme espionne. Toujours garder une certaine acte de présence dans l’esprit. Rien ne peut nuire à la couverture. Et ma couverture actuelle ? Et bien employé dans une grande firme pharmaceutique. J’évolua dans les rues silencieux de Londres. Il était huit heures du soir passées, et à cette heure-ci, la plupart des rues étaient déserts, la plupart des gens étant rentré chez eux, la plupart des gens étaient entrain de se préparer pour sortir en boîte, ou prennent un petit dîner en famille. Mais pas moi. Je n’étais pas du tout pressée d’aller rejoindre l’étouffante boite à chaussures qui me servait de maison. Je me sentais comme un lion en cage, oppressée dans cet endroit, bien que cette sensation ne se manifeste pas avec violence, mais de façon plus éthérée. J’alla jusqu’au centre sportif. Marchant vers la salle privé que la compagnie avait loué, m’arrêtant d’abord par le vestiaire. La pièce était sombre, et comme le reste du centre, très certainement déserte. Je me délesta de mon uniforme, que je troqua contre un débardeur noir et le pantalon de sport qui allait avec, choisissant de rester pieds nus. Je m’assieds sur un banc de bois face aux rangées de casiers alignés, et enroula méticuleusement mes mains et mes pieds dans des bandes prévues à cet effet. Une fois parée, je quitta le vestiaire pour entrer dans la salle d’entrainement.

Je ne fus pas surprit de voir qu’il y avait déjà un occupant dans la salle d’entrainement. M’arrêtant au seuil de la pièce, dans l’ombre, et le regarda en silence quelques instants. Puis je fit un pas en avant pour se faire voir et reconnaitre de lui, avant de le gratifier d’un sourire, vestige d’un passé résolu.

« Salut Michael. » Je n’avais pas bougé de l’embrasure de la porte en prononçant ces mots. Je pris un nouveau pas en avant, puis m’avança jusqu’à faire face à Michael que je fixa droit dans les yeux. Ça n’avait pas du tout pour but d’intimider son interlocuteur, mais j’avais développé cette habitude. C’était à la base pour moi un moyen de détecter les mensonges, en surveillant les yeux et la gorge, l’éventuelle sueur qui pouvait perler en cas d’afflux de stress. Je rajusta les bandages autour de mes mains pour les resserrer un peu plus, et me déporta légèrement, afin de pouvoir échauffer mes muscles avant le véritable effort. De ma main gauche, je saisis mon pied gauche par le bout des orteils et appuya le bras de ma main droite sur la cuisse pour la maintenir tandis que je la levais haut en l'air. J’étais particulièrement souple, et prenais soin de toujours se garder en forme, parce que j’en avais besoin pour le travail que je faisais. Je n'avais toujours pas lâché Michael du regard.

Un esprit sain dans un corps fort avait toujours été la devise de Michael, toujours repousser les limites de son corps, toujours essayer de courir une minute supplémentaire, toujours essayer de faire une traction supplémentaire. De ces instants d'efforts Michael en tirait un plaisir intense, supporter la tension de ses muscles échauffés. Son corps lui faisait déjà mal, mais il continuait à s'acharner sur un sac de frappe, gauche, droite, à chaque coup que décochait l'agent de la CIA le sac volait dans tous les sens lâchant une complainte.

Ce n'est qu'après deux heures d'exercices qu'il s'accorda une pause, il se dirigea vers un coin de la pièce où il avait déposé ses effets. Il y récupéra une bouteille d'eau et une serviette, son t-shirt était si imbibé de sueur que le liquide suintait sur son bas de jogging bleu marine. Il lui fallait faire peau neuve, heureusement qu'il avait amené avec lui un autre haut, un débardeur bleu un peu délavé.

Il sentit une présence l'épier. La silhouette jusque la discrète, fit un pas un avant, Michael l'a reconnu, il s'agissait de son équipière Alex.

« Salut Alex »

Lui répondit sèchement l'agent de la CIA, il lui répondit aussi par un sourire. La réalité c'est qu'il était ravi que la jeune femme soit la, son entrainement commençait à devenir ennuyant et avoir un adversaire était bienvenue surtout si c'était une de ses anciennes pupilles. Les mains bandées de la jeune fille prouvaient qu'elle n'était pas la pour soulever de la fonte, très bien, il allait vérifier si ses leçons avaient été bien apprises.

Tandis qu'elle faisait ses étirements, Michael se dirigeait vers le centre d'un tatami improvisé. Il était parfaitement échauffé, il commençait déjà sautiller d'impatience. Son regard était posé sur le corps de la jeune femme, dans cette position ses vêtements épousaient parfaitement la courbure de son corps, une vision des plus sensuelles, mais cela ne devait pas faire oublier à l'agent qu'ils étaient en mission d'infiltration.

« Alors, besoin d'un peu d'exercice ? Approche »

Il lui avait lancé cette phrase d'un ton moqueur et provocateur afin de bien piquer l'amour propre de son ancienne élève. Un air malicieux s'installa sur son visage alors qu'il fixait avec insistance Alex.

Un petit sourire apparaît sur mes lèvres suite aux paroles de Michael. Oh je me doutais bien qu’il voulait passer au corps à corps. C’était surement la meilleure façon de s’entrainer. Car faut avouer que s’entrainer contre un sac, était assez facile. On ne risquait pas de se prendre des coups… enfin en théorie. Je n’avais rien contre le corps à corps. On en avait besoin beaucoup plus qu’on pouvait se l’imaginer dans un tel métier. Sourire sur mes lèvres je m’approchais doucement de Michael. Qu’est-ce que j’aurais pourtant voulu que nos contacts corporelles soit autre que des coups. Me mettant face à lui, en position d’attaque.

« T’as envie d’avoir une raclée d’une fille ? »

Toujours un sourire sur mes lèvres je devais avouer que j’aimais le regard qu’il me jetais, avant de me souvenir que c’était un regard qu’il aurait lancé à n’importe qui, tant qu’il y avait un combat en vue. Bien que j’avais décidé de la jouer défensif avec Michael, car oui, c’était lui qui m’avait forgé, c’était lui qui m’avait apprit à me battre. Donc je devais me méfier de ces coups d’attaque. Néanmoins je fis la première attaque et par la suite je para l’ attaque de Michael. Il enchaîna les coups, et je les esquivais à la suite, ne trouvant pourtant pas l’ouverture pour contre-attaquer en retour. Je me contenta de me défendre, sans pour autant perdre ma position. Il était bien décidé m’avoir, puisqu’il n’arrêta pas pendant un moment. J’eus finalement un moment de répit, mais m’en méfia, ne quittant pas Michael du regard. J’avais volontairement choisi cette attitude relativement passive, qui me permettait d’autant mieux examiner mon adversaire. J’étudiais ses mouvements, ses trajectoires d’attaques, pensait aussi à ce qui pouvait le pousser à l’attaquer de la sorte. Comme à son habitude j’observais, prenais des notes mentalement, en silence. Cherchant la faille, pour m’y engouffrer. Et je finis par la trouver. J’écarta le bras de mon propre adversaire à l’aide du mien, et profita du fait qu’il était découvert pour lui envoyer un coup de pied latéral dans l’estomac, avant de m’éloigner quelques mètres de lui, lui tournant autour, attendant qu’il lance l’attaque. Je savais pertinemment que si je voulais esquiver tout ces coups, le contact devait être tiré un minimum. Car trop près de lui, pouvait m’être fatale et cela pour plus qu’une raisons.

« Tu m’as bien enseigné…. Tu devrais peut-être commencer à te méfier de moi. Que l’élève ne dépasse pas le maitre. »

Je souris. Oh je savais très bien que pour dépasser Michael, il fallait bien plus qu’un simple coup de pied dans l’estomac, que ce n’était pas parce qu’il est à terre qu’on a gagne. Non c’est justement à ce moment-là qu’il fallait faire attention. Et mes yeux ne le quittaient pas un seul instant.

Son élève avait bien changé, Michael observa avec stupeur que c'est elle qui entama les hostillités. Parfait, cela allait que plus intéressant, pour l'ancien mentor et le reste des événements lui donnèrent raison. Il avait voulu la déboussoler en lui assenant une pluie de coups afin qu'elle perde un peu de sa lucidité et de son étonnante souplesse, mais c'est lui qui s'était fait avoir et en beauté. Le coup qu'il reçut dans l'abdomen le fit reculer, bien qu'il ne ressentit pas vraiment de douleur. L'agent tout en se massant le ventre, regarda la jeune femme qui se tenait fièrement devant lui, comme une amazone. Elle était devenue belle cette gamine, le bourgeon qu'il avait recueilli quelques années plus tôt avait donné naissance à une magnifique fleur aux pétales flamboyantes, mais aux épines acérées comme des lames de rasoir.

« Je vois que tu as bien appris tes leçons, mais tu n'es pas une menace pour moi, tu es encore trop tendre, montre moi tes trippes. »

Par trop tendre, il voulait faire référence au baptême de sang avorté d'Alex. La jeune femme n'avait pas pu appuyer sur la gâchette, ce fut donc Michael qui s'en chargea. Et maintenant il semblerait que le même phénomène se reproduise, pourquoi donner un coup et reculer, normalement elle aurait dû profiter de l'ouverture pour faire le maximum de dégâts.

« Je vais te montrer comment on fait. »

Sans crier gare, Michael se précipita vers la combattant dans un sprint fulgurant, il acheva sa course par une glissade inattendu, c'était bien la première fois qu'il exécutait ce genre de manœuvre devant son ancienne élève, d'ailleurs c'était bien la première fois qu'il tentait ce coup. A cet instant présent le trentenaire se laissait juste guidé par son esprit combattif et surtout son instinct. La glissade avait pour but de faucher les jambes de son adversaire, chose que l'effet de surprise lui permit de réaliser, non sans difficulté. Une fois au sol, il maintint Alex contre le sol, coinçant son bassin entre ses cuisses et maintenant ses mains aux sols. Le corps de la jeune femme dessinait une croix. Une prise pas très académique, mais tres intime, les corps étaient en contact tres rapproché, Michael usait de son poids pour maintenir Alex au sol.

« Alors on fanfaronne moins la, montre comment tu vas te sortir de la, vas-y surprend moi. »

Il avait dit cela en se penchant vers son visage, l'espion était un peu essoufflé et transpirait a grosses goutes. Les gouttes de sueurs dessinaient un joli tracé sinueux, de son front jusqu'au son menton, pour enfin tomber sur la poitrine de sa captive.

« Ne me dis pas que tu abandonnes déjà surtout.»

Dit-il avant de lui lancer un autre sourire sardonique, sur de sa victoire.

Oh oui, il m’avait apprit beaucoup de choses. La concentration était la meilleure chose et pour l’instant il n’y avait rien qui me déstabilisait. D’ailleurs que ce qui aurait pu me déstabiliser ? Ses beaux yeux ? Mmm peut-être mais non ca ne fut pas le cas. Enchainant les coups sans pour autant plier. Je finis par observer un point d’attaque et je n’hésitais pas. Un coup de pied, pas trop fort car ce n’était qu’un entrainement, je ne voulais pas lui faire souffrir de trop. Par la suite je reculais de quelques pas, le regardant. Attendant qu’il passe à l’attaque. Trop tendre… Oh je voyais parfaitement ou il voulait en venir. Mais il y a une différence entre un combat réelle et un simple entrainement. Et pour ce qui est du fameux jour, je n’avais nullement envie de parler de ca. D’accord j’avais pas réussit à tuer, mais quelque part je ne voulais pas tuer des gens. Les assommer, les torturer… oui tout ca je pensais être capable de faire. Mais tuer… Ah j’avais pensé être prête, mais finalement je ne l’avais pas été. Mais c’était derrière moi et je ne voulais pas être rappelé. Mais très vite Michael avait foncé sur moi, je tombais à terre, suite à un magnifique crochetage, fallait bien avouer ce qui est vrai. Et avant que j’eus le temps de réagir, de me relever, il m’avait déjà plaqué sur le sol. Sourire vainqueur sur le visage. Sourire que j’aurais bien voulu lui arracher à ce moment-là. Je pouvait me débattre tant que je voulais, je savais qu’il était plus fort que moi. Il était entrainé et la force masculine était supérieure à celle des femmes. Grinçant doucement avec mes dents, je détestais cette position. Abandonner ? Déjà ? Non mais il rêve !

« Tu devrais savoir que je ne suis pas le genre de femme à abandonner. »

Je profitais de l’instant. Je profitais du fait qu’il était si près de moi, trop près. Il y a certaines limites à ne pas franchir, mais j’allais quand même en franchir une. Et si il me demandait pourquoi. J’aurais ma réponse déjà toute faite. En combat tout les coups sont permis. Un sourire se désignait sur mes lèvres, je ne me débattais plus, mais j’avais rapproché mes lèvres des siennes pour l’embrasser. Et bien sure, surprit par mon geste, il avait relâchait doucement l’emprise sur mes mains. Et j’en profitais pour le basculer à ma gauche pour que ca soit lui qui se trouve sur le dos et moi en cheval sur lui. Je savais que j’allais pas savoir le retenir longtemps. Après tout il avait plus de force que moi, mais ce n’était qu’un entrainement et je voulais lui prouver que j’arrivais parfaitement à me sortir de chaque position de combat. Bon parfois les manières que j’utilisais n’était surement pas celui que lui il utiliserait, mais eh ! chacun son truc, n’est ce pas. Passant mes mains sur les poignets, fermement et en même temps avec une certaine douceur, je le souris tout en le narguant avec mes paroles.

« Ai-je réussit à te surprendre ? »

Si mes souvenirs étaient bonne, il avait voulu que je le surprenne non ? Et bien je venais de le faire et cela m’amusait. Plus que je voulais admettre. Car au fond, lui voler un baiser avait été très tentant et je l’avais voulu. Mais en d’autres circonstances je n’aurais surement pas eu le courage, ni d’excuse. Mais ici… Ah le destin venait de m’ouvrir une petite fenêtre et j’avais pas hésité. Faut dire que cela m’avait pas déplu. Mais passons, le combat était plus important.

On pourrait qualifier la manouvre de dégagement d'Alex de déstabilisante, sans crier gare elle avait embrassé Michael. Ce baiser prodigué par une autre femme n'aurait pas été suffisant pour le faire relâcher sa prise, mais là, il s'agissait d'Alexandra, sa partenaire qui commençait à prendre une place de plus en plus importante dans son esprit et peut-être dans son cœur. Le contact des lèvres pulpeuses de la jeune femme sur les siennes ne le laissa pas indifférent, pendant une fraction de seconde, l'agent sur entrainé relâcha son étreinte. Il n'en fallait pas moins à Alex pour le faire basculer et retourner momentanément la situation à son avantage.

L'amour propre de l'espion était une fois de plus blessé, d'autant plus que l'amazone qui le chevauchait le narguait. Oh oui, qu'elle avait réussi à le surprendre et de manière agréable en plus et cette nouvelle position n'arrangeait pas les choses. Couché sur le dos, Michael avait une belle vue sur la poitrine de la jeune femme qui bougeait au rythme de sa respiration, le débardeur trempé par la sueur lui collait à la peau, quel homme resterait insensible avec une telle beauté au-dessus de lui.

« J'avoue que tu m'as eu. »

Un petit clin d'œil d'approbation, sa façon a lui de montrer qu'il la tenait en haute estime et un petit sourire en coin pour lui faire comprendre qu'il y aura des représailles, juste avant qu'il n'utilise sa force brute pour faire basculer Alex sur son côté gauche.

« Mais ce n'est pas suffisant, chérie. »

Retour à la case départ, il avait de nouveau pris la position dominante et comptait bien la maintenir jusqu'à celle-ci abandonne, mais une autre idée lui passa par la tête. Alors qu'il était au-dessus de la jeune femme, il se pencha et l'embrassa à son tour. C'était un baiser plus insistant et plus langoureux, au départ il voulait juste la perturber et retourner ses propres armes contre elle. Le contact ne devait durer que quelques instants, juste le temps d'un battement de cœur, mais finalement il se trouve que le trentenaire trouvait cela agréable aussi prolongea-t-il cette douce sensation un peu plus longtemps.

* « Attends tu fous quoi, arrête-ca tout de suite. »*Pensa-t-il

Ce fut comme le coup cinglant d'un fouet sur son dos. Il venait de réaliser que ce qu'il était en train de faire pourrait avoir de grandes répercussions sur sa mission. Lui qui disait qu'il fallait toujours réfléchir aux conséquences des actes avant d'agir, le voilà qui laissait son instinct prendre le dessus.

Il fallait arrêter cela et tout de suite, Michael se leva et se dirigea vers ses affaires afin d'y récupérer une bouteille d'eau fraiche. Il s'en aspergea le visage, puis en but une bonne rasade directement au goulot avant de l'envoyer nonchalamment en direction de sa partenaire d'entrainement. Il fallait penser à autre chose, le meilleur sujet à aborder dans ce cas était le travail.

« Comment se passe ton intégration dans cette boite »

Tout ce qu'il espérait, c'est qu'il n'y ait pas de séquelles de ce baiser dans l'esprit de sa charmante collègue.

C’était pourtant pas dans mes habitudes d’embrasser quelqu’un et ensuite de me mettre à cheval sur lui. Oh que non, ce n’était pas du tout dans mes habitudes. Mais lorsque je devais me défaire d’un adversaire, sortir de l’emprise de quelqu’un, je ne réfléchissais plus. C’était comme si mes actions étaient des simples reflexes, des mécanismes auquel mon corps ne réfléchissait même pas. Agir et bouger sans prendre la peine de réfléchir. Voila ce que je venais de faire. Néanmoins quelque part, je devais bien avoir que je m’étais également laissé agir par propre intérêt personnelle. Par impulsion hormonale. Mais je présume qu’on ne peut pas tous être parfait. Et cela avait fonctionné, car j’avais réussit à sortir de l’emprise de Michael pour me poster au dessus de lui, petit sourire sur mes lèvres, le narguant doucement.

C’était fou comme je voulais avoir son approbation, comme je voulais qu’il soit fière de moi. Mais comme je m’étais dit, cette position de domination ne durait pas longtemps, car très vite, je me retrouvais le dos à nouveau contre le sol, avec lui au dessus de moi. A croire qu’on allait rouler tout le temps sur le sol. Mais par la suite, je dois dire être troublé par sa manière de se comporter. Il m’embrassait ? Un baiser plus langoureux que celui que je lui avais volé et je m’étais laissé faire. Bien plus encore, je voulais que ca dure… Mais pourquoi est-ce qu’il faisait ca ? C’était lui en position de domination, alors il ne devait pas avoir besoin de me troubler. Très vite, Michael abandonnait la position et se redressait. Je ne me relevais pas directement. Je l’observais un court moment avant de me relever à mon tour.

J’attrapais la bouteille, tout en m’approchant de lui. Est-ce que j’avais fait quelque chose de mal ? Est-ce qu’il avait comprit que j’avais voulu prolonger ce baiser ? Il se mit à me poser des questions sur notre mission, et je ne devais pas être une espionne pour savoir que la mission était le plus important de tout. Et risquer une relation plus que des collègues de travail était prendre un très grand risque. Un risque qu’aucun de nous deux pouvaient vraiment prendre.

« Cela se passe comme prévu. Environnement calme, serein, mais très surveillé. Les gens ne parlent pas beaucoup, mais j’ai déjà réussit à me faire accepter dans la meute. »

L’intégration était loin d’être difficile. C’était arriver à accéder à des fichiers importants qui risquait d’être plus difficile qu’on l’aurait cru. Des cameras, des badges, des gardes… Le genre de boîte qui aimait que tout reste confidentielle. Buvant un coup de la bouteille, avant de la poser sur un banc, je me tournais vers Michael. Vu la tournure de l’entrainement, il était peut-être mieux d’arrêter de s’entrainer pour aujourd’hui.

« On arrête pour ce soir? Ou tu veux encore faire un petit combat ? »

Quelque part, cela ne me dérangeait pas de continuer. C’était qu’un petit échauffement et j’en voulais plus. Même si c’était risqué. Mais ce n’était pas moi qui devait jouer à celle qui est raisonnable. D’ailleurs j’avais bien trop prit l’habitude d’écouter Michael. Etant celui qui m’avait entrainé, à me pousser toujours trop loin, quelque part je m’attendais toujours qu’il me dise de faire plus d’efforts. Au fond j’étais pas très satisfaite de ce combat. Cela s’était terminé bien trop vite. Et la remarque que Michael m’avait donné au début, sur le fait que je sois encore trop tendre, je pouvais le lui relancer. Chose que j’hésitais pas à faire. Je n’étais jamais tombé sur ma langue. Et il devait bien en avoir l’habitude après tout ce temps.

« Je t’ai trouvé bien tendre aujourd’hui… T’as pas pour habitude de m’épargner…»

Car oh oui, il m’avait épargné, peut-être pas au début, mais à la fin… Le baiser et puis partir comme un voleur dans la nuit ? Oh oui, c’était tendre. Et j’avais pas l’habitude de le voir agir ainsi, d’arrêter un entrainement aussi vite.

Michael ne savait pas quoi répondre à sa jeune collègue, c'est vrai qu'une séance d'entrainement avec lui ne s'achevait pas sans qu'Alex s'effondre de fatigue. L'interruption inopinée du combat était inhabituelle, mais ce n'était pas un signe de faiblesse ou de tendresse, juste un pas en arrière avant de franchir une limite.

« On arrête la c'est tout, inutile de t'amocher alors que tu es en pleine infiltration. »

Michael se dirigea vers le sac de frappe, le fixa quelques instants puis subitement décocha une gauche percutante et fulgurante. Le sac de frappe se mit à se balancer de gauche à droite comme le pendule d'un hypnotiseur sous l'impulsion de ce coup, on aurait même pu l'entendre crier de douleur. C'était juste une démonstration pour montrer à sa jeune partenaire qu'il n'était pas physiquement diminué, que contrairement à ce que la jeune fille avait affirmé il n'était pas tendre, mais cela elle le savait déjà, Michael devinait qu'elle essayait de le provoquer, très bien il lui avait aussi appris cela, mais ce n'est pas un vieux singe que l'on apprend à faire des grimaces. Michael rétorqua aussi sec.

« Je n'ai pas envie que tu t'amènes à ton boulot avec un cocard, tu comprends ? »

Il y avait de l'ironie et un peu de surestime dans sa voix, mais il n'avait pas tout à fait tort. Une femme avec un œil au beurre noir suscite toujours des interrogations, des questions auxquelles certains s'empresseront de trouver des réponses, quitte à fouiller sa vie privée et à foutre en l'air sa couverture. Il ne fallait pas que cela arrive, Alex devait paraitre aux yeux de tous comme une femme des plus normales, d'autant qu'en plus de sa profession d'agent de la CIA, Alex est un changeur.

Michael fit le tour du sac qui avait cessé de se balancer. Il tapa deux fois avec le plat de sa main sur le cuir de l'accessoire tout en lançant un regard malicieux à l'amazone.

« Si tu tiens tant que ca à te défouler, tu peux toujours cogner dessus, il ne rendra pas les coups. »

Il refit résonner encore deux claquements sourds. C'était un peu lâche de sa part, Michael n'osait pas avouer qu'il avait peur de retoucher la peau délicate de d'Alex, qu'il craignait de se retrouver trop près d'elle et de perdre une nouvelle fois son contrôle. Il sentait sa carapace s'effriter comme une coquille d'œuf, cela ne lui plaisait guerre, est-ce que finalement il serait en train de s'attendrir ?

Comme un entraineur de boxe avec son poulain, il se tenait derrière le sac afin de le maintenir attendant une averse de coups.

M’amocher, revenir avec un œil au beurre noir… C’était tout ce qu’il avait à riposter? Bien que quelque part, je pouvais y voir la logique. Car après j’étais censé être une fille normale, avec une vie très banale. Et la dernière chose qu’on voulait était d’insister des petits curieux à commencer à fouiller dans ma vie. Néanmoins après tout ce temps je savais me défendre, alors pour tourner avec un œil au beurre noir… il fallait déjà y aller. Et puis avec notre capacité de guérir plus vite, la couleur allait très vite s’effacer après un jour ou deux. Si tel était vraiment le cas, je pouvais toujours encore me mettre malade. Bien que je doute fort qu’il puisse me donner un tel coup. Mais oui, j’avais toujours réponse à tout. Du moins j’avais toujours un plan de secours. Et bien que je n’étais pas très satisfaite et que j’étais prête à riposter, après tout il l’avait dit avec un certain surestime de soi-même, je finis néanmoins pas me taire. Le suivant du regard jusqu’à ce qu’il commence à s’approcher du punching ball. Se défouler… mouais. S’approchant du sac, je finis enfin à rétorquer aussi sèchement qu’il avait fait lorsque j’essayais de le provoquer pour continuer l’entrainement.

« Et ca ne rends pas non plus les baisers tu veux dire. »

Sans prendre la peine de le regarder ou d’attendre une réplique qui ne viendrait surement pas, je pivotais sur ma cheville gauche et donnait un coup de pied brutale dans le sac que Michael tenait. D’habitude j’adorais m’entrainer sur ce sac de masse. Mais maintenant… Ah je ne sais pas, quelque part je restais insatisfait de la manière dont notre combat s’est brutalement achevé. J’aurais surement préféré un coup de poing qu’un baiser. Au moins avec les coups, on est sure de ce que cela signifie. Un entrainement de vraie souche. Mais ici ? Un baiser ? Ah cela pouvait signifier tellement de choses. Et je n’étais pas sure d’avoir capté quelle signification collé sur celui que Michael m’avait donné. Et puis peut-être que c’était mieux pour moi. Rester dans l’ignorance était la meilleure façon de pouvoir faire comme si rien de tout cela m’avait touché, ou que cela aurait pu signifier quoi ce soit. Car au fond cela n’avait rien signifié, n’est-ce pas ? D’accord peut-être augmentation du rythme cardiaque, mais c’est normale non ? Les hormones qui réagissent ? Enfin peu importe, cela n’avait rien signifié. J’entamais un deuxième coup de pied, avant de passer à des coups de poings. Finalement après une dizaine de minutes de coups de poing et de coups de pieds, je sentais que mes muscles se durcissaient et que je commençais à être essoufflé. Je terminais donc mon entrainement avec un dernier coup de pied. Avant de m’approcher d’un essuie et d’effacer la sueur de mon front, mes yeux rivées sur mon partenaire de travail.

« Envie d’aller boire un verre ? »

Avant de partir en direction des douches et des vestiaires j’attendais une réponse de la part de Michael. Dans les deux cas j’irais boire un truc. Rester seul à la maison cela ne m’attirait pas du tout. Après tout, on peut très bien être toute seule tout en se trouvant dans une masse de personnes. Et au moins parfois on pouvait encore capter des conversations intéressantes. Du moins plus intéressant que d’entendre les aiguilles d’une horloge s’avancer. Finalement après avoir une réponse de Michael, je partais en direction des douches. Une bonne douche chaude après un entrainement intensive pouvait faire un bien fou.

La petite était frustrée, Michael le sentait bien à l'intensité de ses coups, ils étaient vraiment tranchants et malgré le fait qu'il était protégé par le rembourrage du sac, il sentait les impacts venir meurtrir son corps, il dut même user de sa force pour ne pas être emporter par l'élan des coups. Des scuds voilà ce qu'elle envoyait, de véritables obus, le mentor esquissa un sourire discret, en contemplant l'amazone en face de lui, il avait recueilli un chaton et voilà qu'elle était devenue une lionne. Alex était devenue une belle femme, a tel point qu'il s'était laissé piéger et avait perdu son self-control, mais malgré toute sa réserve et son professionnalisme, quelque chose en lui voulait recommencer, un désir ou plutôt un besoin d'enlacer son corps parfait et coller ses lèvres aux siennes.

*Merde ! Et voilà que je remets ça, reprend-toi West !!*

C'était ainsi qu'il comptait s'auto persuader, dans le même temps, Alex venait de finir de martyriser le sac de sable, elle semblait exténué mine de rien, mais elle n'avait pas perdu sa vivacité d'esprit. Elle proposa d'aller prendre un verre. Pourquoi pas cela permettra de décrisper un peu l'ambiance et surtout de clarifier les choses.

« C'est bon pour moi, c'est moi qui régale ce soir, ca compensera ma médiocre prestation. Je prends ma douche et on se rejoint ici, ok ?»

Alex semblait d'accord et prit la direction du vestiaire des femmes, Michael l'observa un instant s'éloigner, comme s'il hésitait à la suivre. Ce n'est que quelques minutes plus tard qu'il rassembla ses affaires et se dirigea à son tour vers le vestiaire dédié aux hommes. Une bonne douche lui ferait le plus grand bien et lui rafraichirait la tête. Michael prit donc son temps, laissant l'eau tiède couler sur son corps nu, cette sensation chaleur et de confort était agréable, dans ces moments, le trentenaire arrivait à oublier qu'il risquait sa vie quotidiennement, qu'il était changeur, qu'il avait passé la moitié de sa vie à traquer et tuer, Michael avait juste l'impression d'être un homme normal, rien de plus, rien de moins.

Il fallait se résoudre à quitter sa cabine de douche et enfiler une tenue. Ses gouts vestimentaires étaient assez banals, ce soir il avait opté pour un jean noir, un maillot de corps sur lequel il avait mis un pull beige à col roulé et d'une veste kaki, la touche finale était apportée par une bonne couche de gel sur ses cheveux humides.

Maintenant il pouvait aller à la rencontre d'Alex qui devait l'attendre dans le hall du gymnaste.

J’avais toujours su qu’entre lui et moi rien ne pouvait se passer. D’ailleurs j’avais toujours cru qu’il me voyait encore comme la gamine qu’il avait entrainée, comme une enfant, comme une petite sœur. Mais pas réellement comme la collègue mature. Mais ce baiser… le fait qu’il m’avait embrassé à son tour, qu’il avait répondu à mon baiser… Cela avait basculé mes perspectives. Peut-être que je m’étais trompée ? Ou alors est-ce que j’étais encore de me mettre des faux espoirs dans ma tête ? Est-ce que cela avait de l’importance ? Surement que non, car même si il avait enflammé l’espoir, son attitude distant et autoritaire l’avait immédiatement éteint. Les hommes viennent de Mars et les femmes de Venus… ouais… Bien vrai ca. Pour les comprendre il fallait un vrai décodeur. Au fond je ne savais pas ce qu’il voulait, ni ce que je voulais… Enfin si… Ce que je voulais était assez clair dans ma tête. Le problème était que question attachement ou projets d’avenir je ne savais pas ce que je voulais. Je pouvais très bien m’imaginer une relation d’une nuit, de plusieurs jours… mais et puis après ? Impossible de me décider. Quant on est agent du CIA, on ne pense pas spécialement à mariage, enfants, maison, jardin, animal de compagnie. Et encore moins quand on est changeur. Et c’était mon cas. Je ne regardais pas forcément plus loin que les missions. Vie personnelle ? Ah j’en rêvais, secrètement, dans ma tête. Mais je me demandais si cela n’allait pas m’ennuyer très très vite. Mais il me semblait qu’on ne parlait pas de moi, mais de Michael ?

Après quelques coups de poings et de coups de pieds je m’arrêtais. La fatigue physique commencait à se ressentir, et la transpiration me coulait de mon visage. Mais avant de me diriger vers les douches, essuient mon visage avec un essuie, j’avais néanmoins demandé à Michael s’il n’avait pas envie d’aller boire un truc. Question de se détendre après cet entrainement turbulent. Michael semblait être d’accord et proposait même de payer, question de se pardonner de sa présentation médiocre à l’entrainement. Je me contentais d’acquiser par un signe de tête, avant de prendre mes affaires et de me diriger vers les douches des femmes.

L’eau chaude me faisait un bien fou, j’aurais pu rester une éternité sous cette douche… enfin jusqu’à ce que l’eau chaude devienne de l’eau froide. Pour beaucoup de gens, être dans la douche était un moment de détente, un moment ou on laissait ses pensées s’évader. Et c’était mon cas. Je ne pensais plus à rien. Je ne pensais plus à l’entrainement, ni au baiser, ni à Michael, ni à la mission. Mon esprit était vide. Blanc. Et cela faisait un bien fou. Sortant après une dizaine de minutes de la douche, je finis par remettre les vêtements que je portais avant de me changer pour l’entrainement. C'est-à-dire un jeans bleu, un t-shirt blanc et un blazer beige. Rangeant tout mes affaires dans un sac, je finis par quitter le vestiaire des dames. Cet entrainement et puis cette douche, m’avait fait étrangement revivre. Quel bon sentiment de se crever physiquement, cela donne une certaine satisfaction incroyable. En sortant des vestiaires, je remarquais que Michael m’attendait déjà à la sortie. Et comme toujours, importe ce qu’il pouvait porter, tout lui allait comme un gant et lui donnait une certaine classe.

« On y va ? Je connais un endroit sympa et calme. Je propose qu’on y va à pied. Ce n’est pas loin. Et pour trouver une place de parking à cette heure, en plein Londres, ce n’est pas trop conseillé. »

Entamant la marche, cela prit environ dix minutes avant d’arriver devant un petit bar, j’entrais en premier et m’installais à un petite table non loin du bar. Je ne regardais pas ce qu’il y avait à offrir, car mon choix était déjà tout fait.

« Alors, tu prends quoi ? Pour moi ca sera un Martini Dry. »

Le jeune homme venait d'arriver dans le hall, quand Alex fit son apparition bien apprêtée et fraiche comme la rosée matinale. Michael l'accueillit d'un sourire radieux et s'empressa de la rejoindre, par machisme plus que par galanterie il lui proposa de porter ses effets de sports, en attendant d'entendre la destination de leur prochaine étape.

Alex connaissait un endroit et Michael l'a suivi sans broncher. Les coins qu'ils fréquentaient d'habitudes étaient un peu trop virils pour y emmener une beauté comme sa collègue, il y avait toutes les chances que cela finisse en baston. Suivre la jeune femme dans son repère était de loin la meilleure idée, surtout que le trentenaire voulait garder secret ses lieux de détente privilégiés.

Il ne fallut pas longtemps au couple pour se retrouver dans le fameux établissement, le coin avait l'air soft et tranquille, l'endroit idéal pour passer un moment tranquille a deux, aucun risque qu'un ivrogne ne vienne vous embêter. Tout avait l'air parfait et cela gênait l'agent de la CIA, la nature n'aime pas la perfection et donc l'ambiance de ce bar avait quelque chose de gênant. Alex elle ne semblait pas gênée, elle commanda un Martini Dry quant à Michael il commanda sa boisson habituelle.

« Un bourbon sans glace, double »

Alex devait s'attendre à cette réponse, Michael avait toujours les mêmes habitudes, mais il est vrai qu'il était rare que les deux jeunes partagent ce genre de moment, il s'agissait bien d'un événement exceptionnel. Mais, Michael voyait bien qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas chez la jeune femme et cela depuis la salle d'entrainement. Il aurait dû se douter de ce qui se passait, que ce qu'il avait fait pouvait avoir semé le doute chez sa jeune collègue, mais les subtilités du sexe féminin restaient pour lui comme pour la plupart des hommes un mystère, une énigme indéchiffrable.

Finalement il se décida à prendre la parole, en attendant que la serveuse revienne avec leurs boissons.

« Tu sens très bon, j'aime bien ton parfum, je trouve qu'il te va à ravir, c'est quoi ? »

Un peu pataud, mais il le pensait vraiment, son odorat surdéveloppé captait les effluves qui émanaient de la belle et il les appréciait. Cette phrase n'était qu'une amorce pour aborder un autre sujet plus important.

« Qu'est-ce qui passe Alex, j'ai l'impression que tu me fais la tête depuis le gymnase, tu veux bien m'expliquer ? »

Avec son franc parler qui lui était caractéristique, Michael mettait les pieds dans le plat, en espérant avoir une réponse. Pour compliquer le tout il avait fait une petite pichenette sur le front de la jolie Alex, comme à l'époque ou la demoiselle faisait encore ses classes sous sa tutelle. Ce n’était pas fait par méchanceté, mais Alex risquerait de mal le prendre…

Oui, je m’étais un peu douté de la boisson qu’il allait prendre. Personnellement je raffolais des cocktails, mais là, je n’étais pas trop en humeur pour savourer un cocktail. Les cocktails avaient pour habitude de me mettre en atmosphère fêtarde, et je ne tenais pas trop à être dans un tel état. Puis j’avais besoin de quelque chose plus fort, du moins plus fort comme gout. Mais pas assez fort pour prendre un Whiskey. Oh non, merci ca je passe avec grand plaisir. La serveuse partit et je fus étonné par la manière dont Michael entamait la conversation. Mon parfum ? Vraiment ? Mon parfum ? Il aimait mon parfum ? D’abord un baiser douteux et maintenant me complimenter sur mon parfum ? Et puis après il n’allait pas comprendre pourquoi j’étais paumé ! Au premier abord, je ne sus quoi dire. Mais je me repris assez vite.

« Merci. C’est Magnifique de Lancôme. »

Franchement, ces mecs… Impossible de les comprendre. Qu’est-ce qu’il voulait me faire comprendre à la fin ? Je devais être contente qu’il s’intéresse à mon odeur ? Oui surement, du moins je l’étais. Jusqu’à ce qu’il l’ouvre et qu’il y ajoute avec son geste, ce que je pris pour de l’enfantin, pour du paternel, me traiter comme la gamine que j’étais avant. Super ! La serveuse arrivait et j’en profitais pour prendre un coup de mon Martini. Lui faire la tête ! Ah si seulement il savait lire en moi, il serait bien surprit. Je pliais mes pieds l’un sur l’autre, déposant mon verre, je le fixais du regard.

« J’en ai marre que tu me traites comme une gamine. Je ne suis plus une de tes élèves, mais ta collègue. J’ai même réussit à déstabiliser le grand entraineur. »

Mon ton était encore assez neutre, j’étais pourtant le genre de fille à peter très vite des câbles, dynamique et pimenté. Mais là en lieu publique. La dernière chose que je voulais, c’était d’attirer l’attention sur moi. D’où après un deuxième coup de ma boisson, je continuais.

« Franchement, Michael. Qu’est-ce que tu veux que je fasses pour te persuader que je suis plus une gamine que t’as besoin de mentoriser, de protéger et d’observer sans cesse ? »

Le problème ne venait pas vraiment de là… Quoi que si, un peu. S’il ne me voyait pas comme une gamine, mais comme une femme… Mais à quoi bon tout ca ? Je ne sais même pas pourquoi je parlais de ca ? Bah ! Laisse tomber le sujet, Alex, mieux pour toi.

« C’est bon, laisse tomber. C’est sans importance de toute manière. Et on ne va pas gâcher cette soirée avec une stupide discussion qui ne mène à rien de toute manière. »

Mèner à rien ? Est-ce que je croyais vraiment à ce que j’étais entrain de raconter ? Ah bien sure que non ! Mais au fond je craignais qu’il met la première mission sur la table, mission dans laquel il avait du tirer alors que j’aurais du le faire. Et j’avais toujours esquivé ce fameux sujet, et il ne m’en avait jamais posé de questions sur le pourquoi. Et j’en étais bien contente, je tenais à garder ca. D’où je lâchais aussi vite ce sujet de conversation pour parler… SOS sujet de conversation autre que le boulot et l’entrainement.

« Alors tu penses quoi de Londres ? T’y es déjà venu avant ? »

Les paroles d'Alex ne laissaient pas indifférant Michael, entre stupeur de voir son élève se rebeller verbalement et crainte de voir la cohésion de l'équipe voler en éclat. Il y avait quelque chose qu'il n'allait pas bien chez la jeune femme, l'esprit de l'agent secret était lui aussi troublé. Alex ne semblait pas comprendre les vrais raisons qui poussaient son mentor à la couver, de autre côté Michael était trop fier pour avouer à la belle jeune femme qu'il tenait à elle et qu'il éprouvait des sentiments à son égard, quoique ce soir était particulier, les esprits étaient échauffés et il suffisait d'un rien pour embraser les passions.

Michael but la moitié de son verre pour ravaler son amertume, c'est vrai tout cela méritait une réponse.

« Tu veux que je te dise ce que je pense de Londres, tu as déjà dû le sentir, mais des choses obscures sont en cours ici. Cette ville est dangereuse pour nous. »

Par nous il désignait son espèce, celle des changeurs, cette race poursuivie et vilipendée par tous les rejetons de l'enfer. Michael avait toujours ressenti ce sentiment d'oppression depuis leur arrivée sur l'ile, il y avait une concentration anormale de Lycans et Vampires dans la capitale. Mais cela ne s'arrêta pas la, l'agent de la CIA avait d'autres révélations.

« J'ai bien réalisé que tu n'es plus une gamine et c'est bien cela qui m'effraye, je t'ai vu grandir et devenir une belle femme et c'est la que les ennuies commencent. »

Ca sentait l'eau rose, des paroles presque romantiques, qui dénotaient avec le phrasé habituel cru de Michael. Pour la première depuis leur rencontre Alex pouvait son mentor habituellement toujours sûr de lui, en train de se noyer dans le doute.

« Je pense que je vais demander à ce que notre équipe soit dissoute après cette mission, c'est vrai tu es capable de te débrouiller sans moi. Je suis sûr que tu y arriveras très bien.»

De son côté Michael reprit une gorgée de son verre. Il gardait le silence, laissant la jeune femme encaisser cette déclaration un peu brutal, il avait été vague et avait gardé le silence sur ses vrais sentiments par pudeur, mais il savait que cela allait lever des interrogations sur son ancienne élève, il l'avait formé ainsi après tout.

Londres…Place to be… oui, c’est sure que Londres avait quelque chose d’attirant. C’était comme la plupart des capitales une ville très vivante, très active, que ca soit la nuit ou la journée. Mais bien sure, j’avais repéré l’odeur des lycans et des vampires et j’en avais croisé en ville. Sans pour autant laisser apparaître quoi ce soit. Chasser les vampires et les loup-garous pouvaient être vu pour certains de mon espèce comme la raison de notre existence, mais pas pour moi. Je ne me mêlais pas du tout dans toutes ces histoires de loups et vampires. Etre un changeur signifiait quoi alors pour moi ? Quelques sur plus comme avoir une ouie plus développé ou encore guérir plus vite, c’était une manière d’échapper plus facilement à des agresseurs surnaturelles. Mais en toute franchisse, c’était également une raison de fuir, de se sentir pourchassé, de perdre ceux qu’on aime. Dans mon cas, cela avait été mes parents qui ont connu un sort que beaucoup de changeurs avaient reçus. Et que moi je tentais de fuir de tout mon grés. Je regardais Michael. Bien sure que j’avais ressenti tout ca. Mais je ne voyais pas ou il voulait en venir avec tout ca. Que je sois prudente ? Qu’il voulait quitter Londres au plus vite ? Ou qu’il voulait partir à la chasse aux vampires ou aux loup garous ?

« Le monde en lui-même est dangereux. Tant qu’on reste à l’écart de leur monde, on ne se fait pas repérer et qui dit pas repérer dit pas mourir. »

Peut-être que si j’avais connu plus de changeurs dans ma vie, je serais plus ouverte envers cette lutte et cette envie de chasser, de laisser notre animal en nous prendre le dessus et tout ca. Mais non, à part Michael je ne connaissais aucun autre changeur. Notre race était devenue rare, autant plus ne pas se faire repérer par ces créatures de l’obscurité.

Puis voila que Michael commencait à parler. Et ce n’était pas dans son habitude de prendre la parole sans donner l’impression d’être sur de ce qu’il disait. J’arquais un sourcil tout en l’écoutant. Ses paroles n’avaient aucune sens.

« Les ennuies commencent parce que je ne suis plus une gamine…Quoi, ca te dérange que je ne suis plus ton élève ? Je ne comprends vraiment pas ce que tu veux dire. »

Les femmes étaient compliqués à comprendre… mouais pas si sure que ca. J’étais entrain de vider mon verre lorsque tout à coup, Michael parlait de dissoudre notre équipe. Ses paroles me surprenaient tellement que j’ai eu du mal à avaler l’alcool sans le cracher au visage de Michael. Après avoir réussit de ravaler tout ca, je posais mon verre sur table, tout en lui jetant un regard d’incompréhension.

« Quoi ? Tu ne veux plus travailler avec moi ?? »

Si je ne le comprenais pas au début de notre conversation, là c’était le top. J’étais complètement perdue. Faisant un signe au serveur pour me ramener un deuxième verre, car oh oui, j’en avais besoin.

« C’est quoi le problème Michael ? C’est la première mission qui te dérange ? Tu ne me sens pas capable ? Ou c’est le baiser de la tantôt qui t’a mit mal à l’aise ? »

Il n’y avait que ces deux choses-là que je pouvais voir comme faux pas. Le baiser et puis bien sure le fait que j’avais pas réussit à pousser sur la gâchette. Mais au fil du temps que je le regardais, que je réfléchissais, je me dit que quelque chose ne tournait vraiment pas rond. Le serveur apportait mon deuxième verre et j’attendis qu’il soit parti pour parler à nouveau. Remerciant le serveur j’examinais Michael. Et finalement je lui dis.

« C’est le baiser qui t’as dérangé… »

Enfin je comprenais pourquoi il voulait arrêter tout ca, l’entrainement et puis maintenant notre travail ensemble. J’aurais du m’en douter. Rester toujours professionnel, jamais mélanger quoi ce soit avec le travail. Une attitude neutre, faire écart de ses sentiments lorsqu’on est en mission. Et bien nouvelle : Moi j’y arrivais pas. Que ca soit avec Michael ou simplement en général, j’avais du mal à me défaire de mes sentiments, car c’était eux qui me guidait. Mais j’aurais du m’en douter que Michael allait mal le prendre… J’allais m’excuser lorsque tout à coup je me souvenais qu’il avait répondu à mon baiser par un autre et bien plus longtemps que le mien !

« Eh mais attend.. Si cela t’as dérange pourquoi m’avoir renvoyé l’ascenseur par un autre baiser?”

J’ignore si c’était l’alcool ou si c’était tout simplement ma logique qui commencait à y voir clair. D’ailleurs quand j’y réfléchis cela doit surement être l’alcool qui joue un grand rôle là dedans. Pourtant non, ca ne pouvait pas… Il ne me regardait pas différemment qu’avant, ou est-ce que j’étais aveugle ? Ou peut-être que… ah qu’est-ce que j’étais encore entrain de m’imaginer moi ? Et pourtant voila que je me relevais, passant près de Michael, je lui murmurais doucement à l’oreille.

« Meilleure façon de se défaire d’une tentation c’est d’y céder. »

Après cela, je rentrais dans les toilettes des dames. Un peu de rafraichissement ne pouvait pas me faire du mal. Mais très vite, en m’avançant vers le miroir, je remarquais une jeune femme, entrain de se repoudre le nez… Et elle n’était pas humaine du tout.

La déclaration de Michael n'avait pas l'air de plaire à Alex, comment le contraire aurait pu être possible, il avait annoncé cela avec tellement de légèreté, on dit souvent dans le milieu où ils évoluaient que certaines équipes sont plus soudées que des couples amoureux, c'est donc une scène de rupture qui avait lieu autour de la table. Ce devait bien être la première fois de sa vie que l'agent de la CIA craignait de regarder en face son interlocuteur, à la place il se contenta de fixer le fond de son verre qui commençait à se faire de plus en plus visible au fur et à mesure que le volume d'alcool diminuait.

Michael était confus, ma la brune avait saisi ou était le problème, en effet le problème venait de ce baiser.

« Ecoute ne me demande pas de t'expliquer pour j'ai fait cela, j'ai agit sans réfléchir et voila ce que cela a donné. »

En effet, à ce moment on peut dire que seuls les instincts de Michael dirigeaient son corps, il avait mis en veille son fameux esprit calculateur.

« C'est déjà assez compliqué comme cela. »

Le mentor était étonné par la perspicacité de son élève, mais ce qui le surprit le plus fut la solution à ce problème. La belle lui avait susurré à l'oreille qu'il fallait se laisser tenter. Chaque mot qui avait franchis les lèvres d'Alex, lui avait provoqué un frisson incontrôlable. Circonspect l'espion se demande ce que son futur ex équipière pensait de lui à ce moment, ressentirait-elle quelques choses de plus fort que la simple camaraderie. Et ses lèvres qui étaient si proches de lui, il suffisait d'un simple mouvement de la tête pour les unir de nouveau.

Le voila qui recommençait à penser à des choses futiles, comme l'amour.

*Quel con !*

C'est ce qu'il pensait de lui en observant son équipière se diriger vers les toilettes du bar, c'est alors qu'une odeur particulière agressa ses narines, une odeur, hélas trop familière. Michael scuta la salle à la recherche de la source de cette flagrance maudite. Il eut une petite pensée pour Alex, « ne pas se faire repérer », mais comment rester inactif quand une des créatures responsables du massacre de votre famille sirotait un verre de liqueur en face de vous ?

Michael l'avait trouvé, il s'agissait d'un loup ayant l'apparence d'une blonde au look aguicheur, elle semblait attendre quelqu'un, surement un de ses congénères, il n'est pas rare de voir des lycanthropes chasser en groupe.

Et Alex bon sang que fabriquait-elle ? Fidele a sa réputation, l’agent spécial garda son sang-froid, attendant l'arrivée de sa collègue pour agir.

J’en avais marre. Il voulait démanteler notre équipe. Qu’il le fasse, de toute manière je ne pouvais pas l’empêcher n’est-ce pas ! Il avait réagir sans réfléchir. Et alors c’était un crime ? Ah mais oui, cela devait surement l’être, car agir sans réfléchir est stupide. Il faut toujours avoir un plan d’attaque en toute circonstance. Compliqué… Ouais… Moi j’aurais personnellement utilisé le mot coincé dans ce genre de situation. N’ayant de toute manière plus rien à perdre, j’avais osé m’approché de Michael et de lui dire de céder à la tentation. De toute manière, il ne voulait pas travailler avec moi. Je ne pouvais pas le perdre plus que ca. Pour me rafraichir un peu les idées, j’allais vers les toilettes. Mais à peine rentrer je me retrouvais face à face avec… quelqu’un de pas très humain.

En voyant la jeune femme devant elle, l’odeur du loup garou venait directement droit dans mes narines. Une odeur infecte. Et je ne pus m’empêcher de sentir une peur me monter dans le bas du ventre. Faut dire que se retrouver orpheline parce qu’une bande de vampires et de lycans trouvaient ca marrant de mettre le feu à la maison de mes parents… N’étaient pas des souvenirs très joyeux pour moi. Et rien qu’à me retrouver face à une créature de ce genre, la peur de ce que j’avais ressenti ce jour là remontait *Relax, Alex. Elle ne sait pas sentir ce que tu es. T’es qu’une humaine pour cette bête* Heureusement que j’avais apprit à rester calme dans n’importe quelle situation. Entrainement particulièrement dure à vrai dire. Sourire forcée vers la jeune femme, avant que j’aille me rafraichir le visage près du lavabo.

« Soirée pénible ? »

Je rêve ou cette créature osait me parler ? *Zen !* Mais là ce n’était plus poussé de peur qu’envahissait l’esprit d’Alex, mais plus de la colère. Et ainsi je ne pus pas s’empêcher de riposter agressivement.

« J’ai l’air de vouloir me confier… »

Sale bête va. Tournant ma tête vers le miroir, j’avais nullement besoin de l’examiner pour savoir ce qu’elle était. Loup-garou. Oh, ils étaient très vite marchés sur leurs pieds et je voyais bien que la louve n’aimait pas mon approche brutale. Elle voulait qu’être gentille. Et bien pardon, je ne fais pas amie avec des monstres. Mais bien sure cette pensée, je la gardais bien pour moi. Fallait faire profil bas, pas se faire remarquer… Enfin pas faire remarquer que je suis un changeur. Fuyant le regard noir de la loup-garou, je quittais rapidement les toilettes des dames et m’avançait à nouveau vers Michael. De son coin d’œil, elle remarquait que la lycanthrope avait rejoint le bar… Bien sure… Un autre loup garou… Toujours la même chose avec eux. Ca se comporte vraiment comme des animaux… Meute de loups.

« Je pense qu’il est mieux de partir… je ne me suis pas vraiment fait apprécié… »

J’étais bien consciente que la loup garou me jetait de temps en temps des regards noirs. Apparemment elle n’appréciait pas trop qu’on se montre agressif envers elle.